Multiple championne nationale de natation, Angélika Sita Ouédraogo a pris part aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Aujourd’hui exilée aux USA où elle poursuit des études dans le domaine des énergies renouvelables, la détentrice du record national continue de poursuivre sa passion : la natation. Dans cet entretien exclusif pour Letalon.net, elle fait un flashback sur ses débuts et livre des pistes sur son avenir. Bonne lecture !
Letalon.net : Comment as-tu débuté ta carrière de nageuse ?
Angélika Sita Ouédraogo : J’avais 5 ou 6 ans quand mon père m’a inscrite au Club Sonabel pour apprendre à nager. La saison durait alors 3 mois par an. Depuis mes 5 ans, mes jeudis et samedis soirs étaient réservés à la natation. Après quelques années, j’ai commencé à compétir sur le plan national et je gagnais toujours dans ma catégorie. Pendant l’année scolaire 2006-2007, j’ai participé à la compétition de natation inter-établissements où il n’y avait pas de catégories. Donc, tout le monde nageait dans la même catégorie. J’étais cadette et la championne en titre de cette compétition était aussi la championne nationale séniore. On a compéti et j’ai remporté le premier prix. C’est ce qui m’a encouragé à m’entrainer davantage et à donner le meilleur de moi-même. J’ai défendu et garder ce titre en 2008 et 2009. C’est ainsi que ma carrière a débuté. Je n’étais plus dans l’ombre des séniores, donc j’ai été sélectionnée pour le championnat international de natation en 2009 et depuis lors, j’ai gardé mon titre et je détiens le record national.
Letalon.net : Pourquoi avoir choisi la natation parmi toutes les disciplines existant au Burkina Faso ?
Il y avait deux sports dans ma vie depuis que j’ai 5 ans : la natation et le football. Je jouais au foot avec les garçons du quartier tous les matins et soirs. Je jouais même les coupes du quartier avec eux et on m’appelait Zidane (rire). J’aimais le foot, mais la natation est devenue une passion. Mis à part le fait que ce soit un sport complet, la natation m’aidait à canaliser mon énergie. La sensation de l’eau qui te fait croire que tu as le contrôle. C’est une discipline sportive qui demande de la technique, de la discipline et un mental d’acier. Je l’ai choisi pour toutes ces raisons.
Letalon.net : Pourtant le Burkina Faso n’est pas un pays de natation.
La natation est vue comme un sport de riche au Burkina Faso. Je reconnais que les cours, la piscine et les équipements sont coûteux. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui aiment le sport et pensent que le sport aide à canaliser l’énergie et inculquer la discipline. Dieu merci, ils ont décidé de m’inscrire à la natation quand j’ai ramené cette fiche d’inscription de l’école. J’étais alors au CP1.
Letalon.net : Petite qui était ton modèle, ton idole dans ce sport ?
Ma mère est mon modèle depuis toute petite. Elle est battante, gentille et nous a donné son amour inconditionnel. Elle m’a appris à toujours donner le meilleur de moi-même dans tout ce que j’entreprends. Elle a toujours cru en en moi. Dans le monde du sport, l’ancienne nageuse française Laure Manaudou était mon idole. Elle m’a beaucoup inspirée dans ma carrière.
Letalon.net : Depuis un moment, tu poursuis tes études aux USA. Comment se passent les choses là-bas ?
Les USA, c’est un autre monde. Tout se passe bien. J’apprends beaucoup que ce soit sur le plan intellectuel que sportif.
Letalon.net : Comment arrives-tu à concilier les études et la Natation ?
C’est difficile de mettre en place un équilibre entre les études et la natation. J’essaie juste de donner mes priorités aux études quand il le faut et à la natation quand la saison commence. Mais, ce n’est pas tout le temps parfait parce qu’en plus des études et du sport, je fais de la recherche scientifique qui demande beaucoup d’heures de travail.
Letalon.net : Dans ce contexte de COVID19, comment fais-tu ?
Avant le COVID 19, je partais à l’école de 8h à 18h pour mes classes et mes recherches dans un laboratoire d’énergie que je supervise. Après, je rentrais à la maison et me reposais jusqu’à 20h. De là, je partais à la piscine de 20h à 22h. J’ai la chance que la piscine de l’école ferme à 22h. Ça m’aidait beaucoup.
Mais avec le COVID-19, toutes les piscines et salles de gym sont fermées. J’ai un programme d’entrainement physique que je fais à la maison chaque matin. Comme j’ai accès au parc, le soir je fais cardio (endurance) tout en respectant les distances de sécurité. Tout ce qu’on peut faire, c’est garder la forme jusqu’à ce que tout redevienne normal.
Letalon.net : Comment vois-tu ta carrière de nageuse dans les mois et les années à venir ?
Pour le moment, je me concentre sur les Jeux olympiques. Après les jeux, mon doctorat sera ma priorité. Rien n’est décidé, on verra après les Jeux.
Letalon.net : Quel est le plus beau souvenir de ta jeune carrière de nageuse ?
Mes premiers Jeux olympiques à Londres (2012, Ndlr). C’était une fierté pour moi de représenter mon pays à un rendez-vous si important.
Letalon.net : Ton pire souvenir de nageuse !
J’ai perdu la médaille de bronze avec 2 tierces au championnat d’Afrique Zone II en 2015 parce que j’ai fait un cycle de bras en plus. En natation comme dans tous les sports, le finish est important. Et cela m’a beaucoup marqué.
Letalon.net : Que comptes-tu faire plus tard ?
Je suis à la recherche de mon prochain diplôme, le doctorat. Mes études et recherches sont basées sur les énergies renouvelables. Après mon diplôme, je consacrerai du temps à la recherche d’expérience pour ma future entreprise. Je compte aussi rester active dans le monde sportif et partager mon expérience avec les plus jeunes. Comme on le dit souvent « : Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait ». Je pense que c’est important d’enseigner la jeunesse afin qu’elle fasse mieux que la vieillesse.
Entretien réalisé par Philippe BATIONO pour Letalon.net