A la veille des demi-finales du tournoi de l’UFOA B U20 qualificatif pour la CAN 2021 en Mauritanie, nous avons eu un entretien avec l’expert burkinabè et instructeur élite CAF, Ousmane Savadogo du groupe d’étude technique de cette compétition. Avec nous avons fait un bilan technique du premier tour tout en nous projetant les matchs des demi-finales.
Quelle appréciation technique faites-vous des matchs disputés dans les deux groupes ?
Ousmane Savadogo : D’une manière générale, on peut affirmer que le premier tour a été âprement disputé au vu des scores qui ont été le plus souvent serrés avec des 1 but à 0 ou des nuls de 0 buts partout et 1 but partout. En dehors de cela, il y a eu un seul match avec deux buts d’écarts avec la victoire par 2 buts à 0 du Bénin face au Togo. Cela montre les limites offensives des équipes. Nous avons observé beaucoup de blocs équipes avec des sélections voulant jouer un bloc médian ou un bloc bas en fonction des résultats des premiers matchs. Lorsqu’une équipe a gagné son premier match, elle essaie de mettre en place un bloc médian qui recule pour devenir par la suite un bloc bas pour maintenir le score. Ce qui est assez logique. Autre fait remarquable, c’est la pauvreté des équipes en matière de stratégie sur les balles arrêtées que sont les corners et les coups francs. Beaucoup de situations standards ont été gérées de façon improvisée. D’un coup franc ou d’un corner à l’autre dans la même situation, vous voyez des variations du positionnement des joueurs et cela laisse croire qu’il n’y a pas d’organisation systématique. C’est vrai qu’il y a eu des buts marqués directement et cela peut laisser penser que des équipes ont des spécialistes mais en réalité, il y a eu du gâchis sur ces actions. On a vu des équipes qui essaient de passer par les ailes mais, les défenses se sont montrées relativement supérieures en bloquant ces couloirs ou en réceptionnant les ballons centrés dans l’axe. Il y a d’autres qui ont montré des faiblesses sur le plan athlétique et elles ont vraiment souffert dans la compétition puisque n’arrivant pas à réagir au pressing adverse. C’est ainsi que de belles équipes comme le Togo, le Bénin sont rentrées plus tôt à la maison parce qu’elles n’ont pas supporté le rythme imposé par les adversaires. Nous nous retrouvons avec les équipes les plus costauds en demi-finales à savoir le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. L’équipe du Nigeria avait une bonne base défensive même si elle était limitée sur le plan offensif.
Au sortir de ce constat, devons-nous craindre la suprématie du jeu défensif vis-à-vis de celui offensif ?
Tout porte à croire que la situation sanitaire du Covid-19 a eu un impact sur la préparation des équipes et on a l’impression que les gens font le juste minimum qui permet d’avoir les résultats. Il n’y a donc pas de surprise quand on constate que les équipes ne sont pas aussi rayonnantes. Nous imaginons qu’au second tour et avec la fatigue observée vers les derniers matchs, la tendance va se poursuivre. Il y aura beaucoup plus de prudence même si on aura de l’engagement physique. Je pense que les uns et les autres vont procéder par des blocs équipes tantôt médian, tantôt plus bas et mener des contres attaques qui se retrouvent souvent enrayées dans ce tournoi. D’une manière générale, il y a beaucoup à faire à ce niveau. Malgré tout, il y a des individualités assez puissantes qui émergent comme les Ghanéens, l’avant-centre Percious Boah qui a été remarquable même s’il a pris un carton rouge face au Nigeria et le défenseur Nathaniel Adjei. On peut aussi citer l’Ivoirien Datro David Fofana qui, balle aux pieds, a une puissance lui permettant de traverser les défenses et il y a aussi le défenseur burkinabè, Yacouba Nasser Djiga.
Comment voyez-vous les demi-finales ?
En principe, nous aurons droit à des matchs serrés du fait que les équipes commencent à être à bout de souffle. Il ressort d’un constat que lorsqu’une équipe ouvre le score, elle essaie de gérer et je pense que cette tendance risque de se poursuivre. Ce n’est pas exclu qu’une équipe, en fonction des circonstances du match, parvienne à cartonner l’autre. Beaucoup de choses vont se jouer au mental. Ce sont des derbies et en ce genre de circonstance, le mental prend le dessus. Mais, le niveau se resserre davantage parce que les équipes, présentes au second tour, sont assez costauds sur le plan athlétique. On peut relever la trop grande quantité de cartons enregistrée dans cette compétition qui peut aussi se justifier par l’enjeu, l’agressivité, les limites physiques.
Source : UFOAB