Multiple champions d’Afrique, double champion du monde à Budapest (2023) et à Glasgow (2024), et recordman d’Afrique du triple saut et recordman du monde en salle (18, 07 m), Hugues Fabrice Zango prépare activement l’ultime défi de sa carrière : les Jeux olympiques 2024. Après le bronze à Tokyo, le natif de Ouagadougou ne rêve que de l’or à Paris. Comment prépare-t-il le concours de triple saut des JO qui aura lieu le 9 août ? Quel est son programme d’entrainement ? Ressent-il une pression supplémentaire aux regards des attentes ? Le premier Burkinabè médaillé olympique répond à ces questions dans cet entretien exclusif accordé à Letalon.net !
Letalon.net : Le concours de triple saut aux Jeux olympiques de Paris aura lieu, le 9 août 2024. Dis-nous comment tu comptes préparer cette compétition ?
Fabrice Zango : La préparation des Jeux olympiques de Paris a débuté depuis Tokyo. Lorsque je décroche la médaille de bronze, mon objectif était directement tourné sur Paris en 2024. L’objectif c’est clairement le graal, la médaille d’or. Pour me préparer, il ne faut pas faire les mêmes erreurs qu’à Tokyo.
Je suis arrivé à Tokyo avec le record du monde en salle avec 18, 07 mètres dans la saison. J’étais la personne qui a sauté le plus loin. Mais, il faut savoir qu’à Tokyo, j’ai produit la pire performance de ma saison. Evidemment, ça a laissé beaucoup de déception. Derrière, j’ai dû me remettre en question.
Au niveau physique, j’avais passé les bons paliers qui me permettaient de gagner des médailles mondiales. Mais au niveau mental, il y avait un gap à franchir entre l’éternel deuxième et le premier. Ce gap a été franchi, Dieu merci, l’été dernier en 2023 avec la médaille d’or à Budapest. Comme vous le voyez, une fois que le gap est franchi, les choses deviennent plus faciles à réitérer. Je suis à nouveau champion du monde. Donc, il faut juste que je sois en bonne santé, que je me prépare et que je sois en bonne forme physique. Au niveau mental avec tout ce qui a été fait derrière, je suis un vainqueur né et ça devrait bien se passer.
Letalon.net : Entre mars et août, il y a encore beaucoup de temps avec les JO de Paris. Quel sera ton programme de préparation jusqu’au jour j ?
Fabrice Zango : Mon programme est hyper chargé. De fin mars jusqu’à fin avril, ce sera une grosse période de préparation avec pratiquement huit heures. Derrière cela, il y aura une période beaucoup plus cool en mai avec plus ou moins trois heures d’entrainement par jour. Il y aura des compétitions durant la période d’avril où l’objectif ne sera pas forcément de gagner. Mais l’objectif sera de travailler certains points techniques dont la fatigue qui nous permettront d’être hyper performant le jour j, le 9 août prochain.
En mai, les performances devraient commencer à bien décoller. Derrière en juin, nous auront les championnats d’Afrique où je serai déjà plus ou moins en jambe. Mais comme j’aime le dire, il ne sert à rien d’être prêt cinq minutes avant, c’est-à-dire le 9 août à 19h 35 ou à 21h 35. Il faut être prêt le 9 août à partir de 19h 40. C’est le moment du triple saut et c’est en ce moment-là que nous devons être prêts et que nous devons agir. Donc, je me prépare pour « Le Moment M » et pas cinq minutes avant ni cinq minutes après.
Letalon.net : Avec tous les titres déjà glanés, champion du monde, recordman de la discipline… l’or olympique est ton ultime défi. Peut-on dire que les attentes des Burkinabè voire des Africains sont une pression supplémentaire pour toi?
Fabrice Zango : Absolument. C’est la même pression qu’à Tokyo de toute façon. Sauf qu’à Tokyo, nous n’avions encore rien réalisé. Donc, nous naviguions dans l’inconnue. Depuis lors, on a quand même pu glaner plus de médailles, plus d’expériences dans le milieu. Et nous savons que ce n’est pas impossible. Du coup, la pression est beaucoup plus gérable. Mais, il faut savoir qu’il y a quand même toujours beaucoup, énormément de pression sur les athlètes. Lorsqu’on doit se produire sur la scène internationale, le regard du public, les attentes des spectateurs… j’avoue que ce n’est pas toujours facile à gérer. Mais comme on le dit, nous sommes des athlètes de haut niveau, nous sommes des professionnels. Nous mettons tout en œuvre pour être hyper performant le jour j. La pression fait aussi partie du jeu. Moi, je vais me nourrir de cette pression pour réaliser mon rêve, mon objectif de remporter la médaille d’or.
Interview réalisée pour Letalon.net par Philippe BATIONO