Né le 24 décembre 1943 à Gaoua, Drissa Malo Traoré plus connu dans le milieu du sport sous son sobriquet « Saboteur », a tiré sa révérence, le dimanche 3 décembre 2023, à quelques vingt jours de son de son 80e anniversaire. Il a succombé après plusieurs jours de lutte contre la maladie.
Homme de doit, il a officié pendant plusieurs années au sein de la police nationale du Burkina Faso jusqu’à sa retraite en 1998, en qualité de commissaire de grade terminal de la classe exceptionnelle. S’il aura marqué ce corps à travers une non moins exceptionnelle carrière universitaire de docteur en droit, avec une spécialisation en criminologie et en relations internationales, c’est surtout dans le milieu du football que Drissa Malo construira sa légende.
Il fait ses débuts de footballeur professionnel à l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo-Dioulasso (ASFB) où il signera sa toute première licence. Quelques années plus tard, le défenseur latéral débarqué dans la capitale et pose ses valises du côté de la Jeanne d’Arc qui deviendra l’ASFA Yennenga, au début des années 1960. Parallèlement, il reçoit sa première convocation en équipe nationale en 1964. D’ailleurs, Drissa Malo défendra les couleurs de la Haute Volta jusqu’en 1970. S’il n’a pas eu la chance de participer à une phase finale de Coupe d’Afrique des nations, il fait le serment de la disputer dans un autre costume.
Débuts de carrière d’entraineur
Ainsi après avoir raccroché les crampons, Drissa Malo Traoré passera avec succès les diplômes d’entraineur de la Confédération africaine de football (CAF) et de la Fédération internationale de football association (FIFA). De retour au pays, l’homme démarre sa carrière au Kadiogo FC, entre 1977 et 1980. Il officiera sur le banc de plusieurs clubs au Burkina Faso, notamment l’Association des employés et commerçants de Koudougou (ASECK) et le Rail club du Kadiogo (RCK) mais aussi à l’international. Il s’agit de l’ASEC d’Abidjan qu’il entrainera à deux reprises (1986-1988 et 2001-2002), Djoliba AC du Mali (2000), et également roulé sa bosse au Congo, au Gabon, au Niger ou encore en Tunisie.
Sa première expérience en tant que sélectionneur débute en 1992 lorsqu’il est désigné pour conduire l’Equipe nationale A. En quatre années, il réussit l’exploit historique de qualifier –sur le terrain- les Etalons pour la première fois à une phase finale de Coupe d’Afrique des nations (CAN) en 1996, en Afrique du Sud. Mais, l’aventure en terre zoulou se termine mal avec une élimination au premier tour. Ce qui lui vaut d’être limogé.
Homme de convictions
En 2006, Saboteur est une nouvelle fois sollicité pour prendre les rênes de l’équipe nationale A. Lors de ce second passage, il a le mérite de lancer le chantier de reconstruction de l’Ecurie. Il lance notamment de jeunes talents dans le grand bain : Jonathan Pitroipa, Charles Kaboré, Alain Traoré, Bakary Koné… S’il est remercié une nouvelle fois, en 2007 par le président de la Fédération burkinabè de football (FBF) d’alors, Seydou Diakité, il aura eu le mérite de lancer une génération qui faudra plus tard au Burkina Faso de disputer sa première et seule finale de CAN, en 2013 en Afrique du Sud (0-1) contre le Nigéria.
Sept ans plus tard soit en 2015, il est de retour sur le banc de la sélection nationale, mais cette fois il s’agit de l’équipe nationale locale. Engagé dans les éliminatoires du Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN) Rwanda 2016. Mais Drissa Malo dit Saboteur échoue à qualifier le Burkina. Pire, l’équipe sort dès le premier tour des qualifications. Ce qui lui vaut un nouveau limogeage.
L’homme est connu pour ne pas avoir sa langue dans la poche mais surtout a donné son avis sur tous les sujets qui concerne le football. Parfois, ses sorties n’ont pas fait l’unanimité comme lorsqu’il affichait, en février 2020, au temps fort de la campagne à la FBF, son soutien à la c du président Sangaré : « Le bilan de Sita Sangaré est largement supérieur à celui de tous les présidents qui se sont succédé depuis les indépendances ».
Mais malgré tout, l’homme jouit d’une grande reconnaissance et d’un profond respect de la part des acteurs du football burkinabè, et même au-delà ! Drissa Malo Traoré restera dans la mémoire collective comme l’un des plus grands entraineurs burkinabè de l’histoire, et surtout le précurseur !
Par Philippe BATIONO pour Letalon.net