Adama Congo : « Sur le terrain, il n’y a pas d’amusement »

Adama Congo : « Sur le terrain, il n’y a pas d’amusement »

Elle est certainement l’une des joueuses les plus connues du Burkina, malgré ses 18 ans. Première buteuse de l’histoire de l’équipe nationale féminin

Elle est certainement l’une des joueuses les plus connues du Burkina, malgré ses 18 ans. Première buteuse de l’histoire de l’équipe nationale féminine en phase finale de Coupe d’Afrique des nations, Adama Congo a signé son premier contrat professionnel au Malabo Kings, club de première division en Guinée équatoriale. La footballeuse formée à Etincelles football club partage sa passion avec les nombreux curieux qui l’ont découverte à la dernière CAN au Maroc. Elle revient pour le plaisir des lecteurs sur ses débuts dans ce sport, son magnifique but contre l’Ouganda, sa carrière professionnelle naissante, ses objectifs…

Comment as-tu vécu cette première participation à la CAN 2022 au Maroc avec tout le groupe Etalons ?

Adama Congo : La CAN s’est bien passée même si ça n’a pas été du tout facile. Mais, je pense qu’on a quand même donné le meilleur de nous-mêmes. Pendant les matches, on a écouté les consignes du coach et on a essayé d’appliquer au mieux ce que le coach voulait. On a tout donné. On a essayé, mais ça n’a pas marché comme on le voulait. On a perdu une bataille mais pas la guerre. Le travail continue. On doit travailler et continuer à travailler pour jouer la finale de la prochaine CAN et aussi la Coupe du monde.

Quand on parle de Adama Congo, on revoit immédiatement le but que tu as inscrit contre l’Ouganda lors du 3e match. Raconte-nous comment l’idée t’es venue, comment tu as su que tu pouvais y aller toute seule ?

Ça n’a pas été facile. Quand on a encaissé le premier but, on s’est toute dit qu’il fallait tout faire pour gagner ce match pour avoir une chance de se qualifier. Mais la question était de savoir comment il fallait faire pour marquer. Je me suis dit qu’il fallait avoir confiance en nous et prendre nos responsabilités. Je me suis dit qu’il fallait tout faire pour aider mes coéquipières et prendre mes responsabilités s’il fallait pour égaliser. Donc, quand l’occasion s’est présentée, je cherchais des coéquipières à qui faire la passe. Mais, celles à qui je voulais faire la passe étaient soit en position de hors-jeu soit marquées par des Ougandaises. C’est pour cela que j’ai continué à dribler et j’ai puisé dans mes ressources techniques et physiques pour aller au bout de mon action. Ça marché et je dis merci à Dieu. Après, j’ai su que quand on est en confiance et qu’on prend ses responsabilités, on peut faire certaines choses.

Adama Congo célébrant son but historique contre l’Ouganda

Sur le champ, tu n’as forcément pas réalisé la beauté du but que tu venais d’inscrire. Mais après l’avoir regardé à la télé, qu’est-ce que tu as ressenti ?

Quand j’ai revu le but, je me suis dit : « Est-ce que c’est vraiment moi qui ai fait ça ». Moi-même je n’y croyais pas. Après je me suis rappelé ce que le coach disait. Il m’avait dit : « Toi Adama, je sais que tu peux. Si tu prends tes responsabilités et tu as confiance, tu le feras. » Je pense que cela m’a beaucoup aidé à avoir la confiance nécessaire pour dribler et faire ça. C’est grâce au coach, aux consignes et aux encouragements.

Qu’est-ce que cela te fait de voir que le travail réalisé depuis toutes ces années et surtout à la CAN te permet aujourd’hui de réaliser ton rêve de devenir une joueuse professionnelle ?

C’est le travail. Tant qu’on ne continue pas le travail, on ne peut pas être une grande footballeuse. Je retiens que c’est le travail qui fait vivre l’homme. Donc, si tu veux réussir, il faut travailler. Sur le terrain, il n’y a pas d’amusement. Dans le football, si tu veux réaliser tes rêves, il faut travailler.

Maintenant que tu as signé à Malabo Kings en Guinée équatoriale, quelles sont tes ambitions et tes objectifs pour cette nouvelle aventure ?

Mon ambition, c’est de réaliser mes rêves. Devenir une grande joueuse professionnelle. Je rêve de jouer dans des grands clubs en Europe comme Lyon ou Barcelone ou encore Paris. Ainsi, je pourrai m’occuper de ma famille et mon équipe Etincelles FC. Je voudrais aussi pouvoir aider mes amis en cas de besoin. La vie ne dépasse pas ça. Il faut toujours aider. Si Dieu te donne, il faut partager avec les autres.

Après avoir disputé ta toute première CAN, quelle comparaison fais-tu entre cette compétition et le championnat ou la Coupe du Faso ?

J’ai débuté le football avec Etincelles FC depuis 2011. Mais je dois reconnaitre que le championnat national du Burkina et la CAN, ce n’est pas la même chose. La différence est très grande car la CAN regroupe les meilleures joueuses des meilleures équipes d’Afrique. Et le rythme des matches était très intense avec beaucoup de qualité. Je pense que si on continue de faire confiance au filles nous pouvons un jour avoir un championnat de très bonne qualité.

Ce n’est pas courant dans notre société de voir les filles jouer au football. Pourquoi le choix du football au détriment des autres disciplines ?

J’aimais le football depuis toute petite. Dans le quartier, je passais la plupart de mon temps avec les garçons. Je n’avais pas beaucoup d’amies. Vous savez que les garçons aiment beaucoup le foot. Donc quand je les suivais, je jouais parfois avec eux. On se baladait tous ensemble. A un moment, j’ai décidé d’aller m’entrainer avec les filles en 2011 si ma mémoire est bonne. Au début, ça n’a pas été du tout facile. Mais, je suis quand même resté. Mon père ne me laissait pas jouer au football parce que pour lui, les filles ne jouaient pas au ballon. Mais, j’ai fait mon possible ainsi que le coach Pascal Sawadogo pour m’aider à convaincre mon père. C’est grâce à lui que je suis toujours dans le football. Au début, je n’y croyais pas. Mais grâce à mon coach, je réalise mon rêve.

Pour cette nouvelle aventure qui commence pour toi, qu’est-ce que tu comptes faire ?

Tout commence par moi. Je dois donner le meilleur de moi-même pour faire gagner mon équipe. Je dois convaincre le staff et les dirigeants que je peux faire le boulot. Et je ferai tout pour réussir et rendre tout le monde fier de moi, Inchallah.

Interview réalisée par Bouélé Philippe BATIONO (Le Quotidien)

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